La biodiversité d'outre-mer (Comité français pour l'UICN)
Le Comité français pour lUICN (Union mondiale pour la Nature) diffuse régulièrement des articles concernant la biodiversité d'outre-mer. Vous pouvez vous inscrire à la liste de diffusion en écrivant à l'adresse suivante : jp.palasi@uicn.fr
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Classement du récif corallien : « La première candidature à lUnesco en outre-mer »
Les Nouvelles Calédoniennes, juin 2005
Mission accomplie pour les deux experts du ministère de lEcologie. Après quelques désaccords, notamment au sujet dune inscription partielle et non totale du récif corallien de Calédonie au patrimoine mondial de lUnesco, Catherine Bergeal, sous-directrice des sites et des paysages pour le ministère, et Bernard Salvat, expert en matière de récifs coralliens, sont parvenus à obtenir un consensus entre les acteurs locaux. Du côté des institutions comme des habitants, tout le monde est impliqué dans la préparation de cette candidature. Le dossier doit être prêt avant janvier 2007.
Les Nouvelles calédoniennes : En quoi le récif corallien de la Calédonie est-il exceptionnel ?
Bernard Salvat : Larc qui va du Japon à la Nouvelle-Calédonie est une zone dune grande richesse. Cest là que vous pourrez trouver le plus despèces de poissons et de coraux. Pour ce qui est de la Calédonie, cest elle qui offre la plus grande diversité en matière de récif corallien. Mais ce nest pas tout. Son récif présente un habitat très intéressant, avec une barrière qui fait près de 1 500 km de long et qui sétale sur six degrés de latitude. Cest ce qui fait que la faune est si différente du nord au sud. La Calédonie présente également un certain nombre doriginalités, comme cette double barrière corallienne que lon trouve au large de Canala ou encore ce canyon sous-marin à lintérieur du lagon, que lon trouve à lîlot Shark et qui nest recensé nulle part ailleurs.
LNC : Puisquun classement total du récif nest pas possible, quelles zones seront alors concernées ?
Catherine Bergeal : Le secteur que lon va soumettre à candidature na pas encore été défini. Mais, par rapport au débat qui a lieu toute cette semaine, nous envisageons de présenter des parties de cette barrière représentatives de la biodiversité exceptionnelle du récif.
LNC : Quelles retombées pourraient avoir un tel classement pour le territoire ?
C.B. : Avant tout une notoriété très forte. Mais lidée nest pas que ce classement serve simplement dappel touristique. Le fait quil puisse aider le pays à se développer touristiquement est une réalité. Mais il vous engage surtout à gérer durablement le site et à réfléchir en amont aux contraintes dun tel enjeu dans les tropiques. Il y aura ainsi des zones où les espèces sont emblématiques et quil faudra impérativement préserver. Le braconnage devra être regardé de façon réelle. En revanche, la pêche traditionnelle pourra être poursuivie, à condition que les ressources maritimes soient en permanence surveillées. Doù lidée de mettre en place une sorte de « thermomètre » qui puisse vérifier régulièrement ces données.
LNC : Maintenant que vous avez réussi à obtenir laccord de tous les acteurs, que va-t-il se passer après votre départ ?
C.B. : Il va y avoir un appel doffres pour créer un bureau détudes chargé de monter le dossier auprès de lUnesco. Tous les acteurs locaux sont concernés. De notre côté, on sest engagés à revenir donner davantage dinformations sil le faut. Mais les personnes impliquées peuvent aussi venir faire le point à Paris sur le dossier.
LNC : Quels sont les autres sites français qui ont posé leur candidature ?
C.B. : La France ne peut déposer que deux candidatures par an, dont une au minimum concernant un site naturel. Nous sommes en train de réfléchir aux sites que nous pourrons présenter. Vingt-huit ont déjà été inventoriés sur la liste. Beaucoup de biens figurent en milieu culturel, contre deux seulement en milieu naturel. Et cest pour cette raison que nous souhaitons donner la priorité au dossier de la Nouvelle-Calédonie. Dune part, parce que cest notre premier dossier de candidature en outre-mer, mais aussi parce quil sagit dun bien marin.
Coralie Cochin
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Braconnage maritime : le lagon sans défense
Les Nouvelles Calédoniennes, juin 2005
La capture despèces menacées, la pêche dans les réserves et la commercialisation illégale du poisson par des plaisanciers est un véritable problème sur le territoire. Le lagon, fragile, est menacé. - Mais pour lutter contre ce braconnage maritime, il nexiste pas de police des pêches. La surveillance des réserves incombe à la Province et la verbalisation à chaque gendarmerie. Sans flagrant délit, aucune sanction nest possible.
Ils pêchent dans les réserves, sattaquent à des espèces protégées ou ramènent de grosses quantités de poissons quils vendent illégalement à des professionnels de la restauration ou à des particuliers. Les braconniers sont nombreux sur les lagons de Nouvelle-Calédonie. Mais impossible destimer leur nombre. « Dès quil fait beau, tous ceux qui ont un bateau sortent pêcher et beaucoup, pour rentabiliser leur sortie, vont vendre le poisson sans crainte », raconte un pêcheur professionnel de Nouméa. Le délit, même connu, reste bien souvent impuni. « Nos enquêteurs de lobservatoire socio-économique, qui suivent les prix des poissons sur le marché, nous le confirment : il existe une filière parallèle de vente de poissons par des non-professionnels ».
Des moyens insuffisants
En matière de pêche illicite, la direction des Affaires maritimes lavoue : « Nous sommes largement démunis ». Aucun moyen nest en effet strictement dédié à la surveillance du braconnage. « Nous navons pas de service de police des pêches. Nous menons parfois des actions en partenariat avec les autorités douanières et la gendarmerie, mais cela reste exceptionnel ».
La gendarmerie maritime dont on pourrait penser quelle est la plus à même de répondre au problème est, elle aussi, bien souvent impuissante. « Nous avons une seule vedette et huit hommes mais notre mission est dabord le secours aux personnes. Et puis, le lagon est tellement grand quon ne pourrait pas mobiliser une équipe juste pour cette mission », souligne le maréchal du logis-chef Wechfler qui ajoute que son équipage, renouvelé fréquemment, na pas le suivi de ces affaires et ignore souvent la réglementation, complexe.
Les plus actives dans la lutte contre le braconnage, restent les unités de la Province sud, chargées de la surveillance des réserves. Chacun des trois bateaux circule avec un agent de surveillance assermenté, capable de rédiger un constat dinfraction. « Mais il reste un noyau dur de braconniers « professionnels » qui savent quand on est en mer. Ce sont eux qui font le plus de mal au lagon et qui, en quelques nuits, peuvent annihiler tous les efforts dune année de surveillance », regrette Richard Farman, directeur adjoint des Ressources naturelles à la Province sud.
Sans flagrant délit, pas de peine
Si, à la Province sud, laccent est porté sur la surveillance des réserves, le problème majeur de la Province nord est tout autre : sauver les espèces menacées. « Nous venons de faire réaliser une étude sur la consommation de dugong et de tortues, à partir dentretien avec des ménages du littoral. Les chiffres sont lamentables et très impressionnants pour ce que lon sait du stock de dugongs » se désole Jean-Jérôme Cassan, responsable du service environnement de la Province nord.
Quant aux risques encourus par les braconniers, ils vont de la saisie des espèces capturées, saisie des engins utilisés en infraction et de manière rarissime, saisie des bateaux. Mais ils doivent être pris en flagrant délit. Pour pénaliser eux-mêmes les fraudeurs, les Provinces travaillent à lobtention de compétences de police des pêches, ainsi quà une refonte des réglementations et un durcissement des sanctions. Des mesures qui devraient devenir inévitables si le territoire veut obtenir et surtout conserver le classement du récif.
Les modes de pêche prohibés
La réglementation en vigueur interdit un certain nombre de techniques de pêche dont lusage nuit au récif ou permet le massacre facile de populations entières despèces. Lutilisation de barres à mine, de pioches ou de tous autres outils ou engins susceptibles de bouleverser lhabitat de nouvelles espèces, est évidemment interdite. Ces pratiques ont déjà été constatées par des usagers du lagon, notamment autour de lîle aux Goélands. Elles étaient visiblement destinées à prélever coraux et coquillages du récif. Lusage de toutes substances naturelles ou artificielles susceptibles denivrer, dendormir, de paralyser ou de détruire les animaux marins est prohibé. Mais malgré cette interdiction, de nombreux pêcheurs continueraient la « pêche au bleu », la capture du poulpe par lutilisation de sulfate de cuivre. Il est interdit dutiliser pour lexercice de la pêche sous-marine, tout équipement autonome ou non, permettant à une personne immergée de respirer sans revenir à la surface. La détention de ce type de matériel en même temps que dappareils de pêche sous-marine est interdite sur tout navire. La pêche sous-marine est interdite de nuit.
Sandrine Morel
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Réserves marines : pas de respect sans répression
Les Nouvelles Calédoniennes, juin 2005
Il existe douze réserves spéciales marines en province sud, ainsi quune réserve intégrale. La première date de 1970 et la dernière a été créée à la Foa lan dernier.
Le classement des réserves commence en 1970 avec la réserve intégrale Merlet, où pêche et accostage sont interdits. Puis, viennent en 1981 les premières réserves spéciales marines, interdites à la pêche, autour des îlots Maître et Amédée. En 1989, suivent Signal, Larégnère, Bailly et lîle aux Canards. Mais le classement en réserve na encore que peu dincidences sur le comportement des pêcheurs. En 1991, un premier bateau de la Province sud, lIsabelle, est donc affecté à la surveillance des réserves du Grand Nouméa. « On a dabord axé sur linformation et progressivement on a durci le ton. Nous avons alors observé une sérieuse baisse du nombre de constats dinfractions », explique Richard Farman, directeur adjoint des ressources naturelles à la Province sud. La surveillance semble porter ses fruits. « Selon lIRD, les nombres despèces et de poissons auraient largement augmenté dans les réserves entre 1989 et 1993, particulièrement sur lîle aux Canards ».
En 1993, la baie de Prony et le parc du lagon de Bourail sont à leur tour classés et en 1995, la Province met en place la rotation dun deuxième bateau, lAmérée. « Nous avons alors noté une hausse de 98 % du nombre de bateaux contrôlés et de 400 % de constats supplémentaires : les braconniers se méfiaient de lIsabelle. » En 1996, la réserve Humboldt est mise en place, suivie en 1998 de lîlot Tenia et de la pointe Kuendu. La dernière est créée en mars 2004 à La Foa : la réserve Ouano. Un bateau devrait être affecté à sa surveillance. « Le classement en réserve ne sert à rien tant quil ny a pas de répression. »